mardi 1 octobre 2013

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mardi 24 septembre 2013

Dans la tête d'une poche avant de pantalon

J'ai un peu adapté en fait, ce n'est pas que la poche avant d'un pantalon ! J'espère que vous ne m'en voudrez pas ! Mea culpa.;)




Dialogue entre une mère  et sa fille



Maman Poche :   Ma fille, je voulais te parler. Tu as grandi, maintenant tu es en âge de comprendre.
Bientôt, tu vas changer, car nous, les poches, nous sommes polyvalentes.
Petite Poche :   Polyvalentes ? Ça veut dire quoi Maman ?

Maman Poche : Ça veut dire que nous sommes en mesure de remplir plusieurs fonctions. Attends, je vais t’expliquer. Tu vois,  toi, tu sers à décorer une jolie robe de bébé. 

Petite Poche : Mais… et mon écureuil alors ?

Maman Poche : Oui, tu as un écureuil brodé sur le velours, c’est vrai. C’est pour la déco, c’est ce que je dis. Une fonction e s t h é t i q u e. Ne fais pas cette tête ! Esthétique, pour faire beau ! Mais tu sais, ta grande sœur, elle est cousue sur quoi hein ?

Petite Poche : Sur un jean !

Maman Poche : Oui parfaitement, sur un jean. Et c’est là la différence avec toi. Elle ne sert pas seulement à décorer le jean. Parfois elle peut contenir des … choses.

Petite Poche : Hein ? Comment ça ? Je ne comprends rien !

Maman Poche : C’est très simple, ma chérie. Ces choses qu’elle reçoit sont diverses : un mouchoir, une clé, un téléphone portable, un bouton décousu, un bracelet, un morceau de papier… Leur seul point commun, c’est leur petite taille.

Petite Poche : Ah d’accord ! Et ça fait mal ?

Maman Poche : La première fois, ça tire parfois sur les coutures. Mais on s’y fait très vite, tu verras. Ne t’inquiète pas. Voilà, je voulais te prévenir. Bientôt, tu vas changer comme je te disais, tu te retrouveras probablement sur un jean, un pantalon en velours, un short ou…

Petite Poche : Une robe ! Une robe !

Maman Poche : Ou une robe, peut-être. Moi tu vois, je suis sur un tablier de cuisine, bon ce n’était pas ce dont j’avais rêvé mais je m’y suis faite. Bref, tu auras une nouvelle tâche à remplir. Contenir des objets, et surtout, les protéger. Attention, ne les laisse pas sortir ! Tu te dois de les conserver ! C’est très important.

Petite Poche : Mais oui Maman, je ferai attention ! Ah j’ai hâte ! Ca va changer ! J’espère que je porterai des trucs drôles !

Maman Poche : Oui bon… Cela arrive que ce ne soit pas très amusant. Un mouchoir sale, un papier crasseux, un vieux ticket de métro, des coquilles d’œuf pour ma part, ou des épluchures. Tout dépend du porteur du vêtement. Hélas, nous les poches, nous n’avons pas notre mot à dire !

Petite Poche : …Dommage.

Maman Poche : J’oubliais, un dernier point.

Petite Poche : Quoi encore ?

Maman Poche : Euh… Parfois les « choses » que nous recueillons sont, comment dire… vivantes.

Petite Poche : Ah mon dieu ! Mais c’est horrible !

Maman Poche : Non, non tu exagères, on dirait ta sœur au même âge… Je te parle de chair, d’ongles, de phalanges, de doigts, de main tout entière ! 
 
Petite Poche : Berk !

Maman Poche : Ce n’est pas sale voyons. Enfin. Si. Non. Bon. Tu verras bien, mais ne sois pas surprise si un jour, une main se glisse contre ton tissu.

Petite Poche : C’est nul ! Pourquoi elle ferait ça d’abord ?

Maman Poche : Pour se reposer, pour se rassurer, pour se réchauffer, pour se donner une contenance. Ou encore par ennui, par habitude, les raisons sont multiples.  C’est normal. C’est ainsi, lorsqu’on est une grande poche. Et il ne faudra pas mordre, d’accord ?! Ne fais pas comme ton père !

Petite Poche. Maman ?

Maman Poche : Oui, mon ange ?

Petite Poche : J’ai pas envie de grandir. Je veux rester sur ma robe de bébé.







 Wo wo wo ! On se calme et on enlève sa patte tout de suite !



jeudi 19 septembre 2013

Dans la tête de...


Pour ma prof de piano préférée
 

 
Devinette
 
Je suis noir, un peu brillant, lisse. Légèrement en retrait, je surplombe mes semblables blancs.
Chaque soir, lorsque la nuit vient, le noir se fait autour de nous tous. Le couvercle s’abat sur nos têtes, sourdement.
Il me faut alors patienter jusqu’au matin, attendre qu’Il revienne.
Il, c’est Martin, mon maître. Mon compagnon de travail. Mon ami et mon bourreau.
Je parle pour moi bien sûr…mais je sais que les collègues pensent pareil.
Il vient, chaque jour, il nous parle, puis nous touche, nous frôle, nous taquine, nous tape, nous claque. Je suis épuisé bien souvent à la fin du jour. Martin est dur avec moi, avec nous autres. Il ne nous lâche pas, jusqu'à ce que nous donnions le meilleur de nous-mêmes.
Mais souvent aussi, nous avons ensemble de beaux moments. Je pense à une exquise polonaise, ou à une délicate mazurka. Là, je peux pleinement briller ! Martin me met en valeur, sans cesse, il me caresse et me fait chanter.
Je peux ainsi libérer mon humeur subtile et mélancolique, mes précieux mystères, mon terrible secret.
Se lèvent alors des panoramas d’église gothique, de dentelle noire ouvragée, de souvenirs brumeux, d’arbres sous la lune… de ce qu’il vous plaira d’entendre.
Je m’épanouis avec Si et Ré#. Ensemble nous proclamons une triste joie qui fait chavirer les cœurs.
Mais j’aime aussi traîner en compagnie de  Fa, Fa#, Si, et Mi.  Histoire de créer des petites ambiances uniques, si particulières.
Ecoutez-moi, et vous tomberez amoureu(se)x.
 
Qui suis-je ?

 

Le sol # de piano

 


 Coucou, je suis là ! Roo mais si, là, je vous fais coucou !

 

 

 

lundi 9 septembre 2013

Dans la tête d’un oreiller

Merci Chloé.








C’est l’histoire d’Arnold, un oreiller, bourré de plumes d’oie sauvage. Il travaillait dans un hôpital, au service réanimation, changeant régulièrement de chambre, de patient, de tête. 

Un jour, Arnold sortait tout juste de la blanchisserie (moment qu’il appréciait tout particulièrement), il se trouvait sur un lit tout frais, dans une chambre seule. Vide. Il en profitait pour se reposer, laisser divaguer ses pensées.
C’est alors que la porte s’ouvrit brutalement, et dans un grand brouhaha, on installa une toute jeune fille sur le lit. Le plus délicatement possible, on déposa sa tête sur Arnold. Puis d’un coup, la pièce se vida, le silence revint à nouveau.

Arnold retenait son souffle. Il était toujours timide au début d’une relation. Il préférait apprendre à connaître le patient, pour ensuite établir un lien. S’ils disposaient d’un certain temps bien sûr. Lorsque le malade restait quelques jours seulement, Arnold ne  s’attachait pas, il faisait juste son travail, consciencieusement.

La tête de la jeune fille, immobile, imprimait un poids très faible. Soudain, pris de panique, il se demanda si elle était en vie, il la sentait à peine. Se concentrant, au bout de quelques instants, l’oreiller perçut une respiration, légère comme une plume.

Petit à petit, Arnold découvrit la jeune fille. Il glanait des informations au hasard des conversations du personnel soignant. Il comprit ainsi qu’elle s’appelait Annia, qu’elle avait 15 ans, et qu’elle était dans le coma à cause d’un accident mystérieux. Tout cela le bouleversa, plus que d’habitude. Car Arnold était plutôt résistant aux malheurs des autres, le métier l’avait endurci. Mais cette fois, c’était différent, Il se sentait extrêmement responsable, Annia était si jeune ! 

Alors, au fil des jours, l’oreiller apprivoisa doucement la jeune fille.  Il essayait de lui alléger ses souvenirs, ou du moins, de les radoucir. Il tentait de lui murmurer à l’oreille des mots qui rassurent, des jolis mots, des mots d’espoir. Il lui parlait des arbres à la fenêtre, du concerto pour piano qui passait à la radio. Une fois, il sécha des larmes qui coulaient de ses yeux clos. Il caressait ses cheveux blonds, tous les soirs, tendrement. Il enrobait ses rêves de douceur, de réconfort. Il la consola pour lui redonner envie de vivre.

Les semaines défilèrent, et un matin, Arnold eut la joie de sentir Annia se réveiller enfin. Entendre sa voix, flutée, s’élever dans la chambre, la voir hésitante faire quelques pas, derrière un rideau de cheveux blonds… Ce furent des jours de grande émotion pour Arnold l’oreiller.  Lorsqu’Annia réclama un concert à la radio, il eut envie de la serrer dans ses bras. Mais il ne put qu’écouter la musique avec elle, profitant de ces derniers instants à deux. La dernière nuit avant le départ de la jeune fille, Arnold s’éventra doucement. Une plume brilla à la lueur de la lune. 

Annia se réveilla, une plume au creux des doigts, tandis que l’aide-soignante ramassait l’oreiller : 
" Tiens, il va avoir besoin d’un petit raccommodage celui-ci ! Bien dormi, jeune fille ? "
"Oui, merci. " répondit Annia.  Elle se rappela son rêve, dans lequel son oreiller jouait du piano au clair de lune...Un sourire aux lèvres, elle serra la plume dans sa main.